Études de littérature, de linguistique et d'histoire (Russie et France, XVIIIe - XXe siècles)
par Jean BREUILLARD
ISBN 978-2-7204-0494-8, 608 pages ; 24 x 16 cm ; broché,
Jean BREUILLARD (1945-2011), emporté en pleine activité scientifique, était l’un des rares slavistes à être un savant, et pas seulement un spécialiste (du XVIIIe siècle, de linguistique…) : il pouvait appliquer sa curiosité, son érudition, sa rigueur méthodologique à des domaines aussi divers que l’histoire, la littérature, la linguistique, qu’il n’isolait pas les uns des autres.
Au XVIIIe siècle européen, qui lui était si familier, Jean Breuillard emprunta ce qu’il avait de meilleur : l’universalisme, l’humanité, la tolérance, le bon goût, la clarté et la fluidité de la langue.
Le choix d’articles de ce recueil (une trentaine sur plus d’une centaine) tâche de refléter les multiples facettes de l’héritage de ce « savant polygraphe »
L’histoire des idées linguistiques, avec des études (issues de sa thèse) sur la formation de la langue littéraire russe au XVIIIe siècle, sur les grandes figures de Vassili Trediakovski (1703-1768), qui est réhabilité, et de Nicolas Karamzine (1766-1826), la nature des influences des grammairiens français et de la philosophie sensualiste, les conceptions de la synonymie, de l’ordre des mots, l’histoire de la traduction (avec en particulier Catherine II), l’histoire de l’utopie, la « langue des femmes » au XVIIIe.
L’histoire événementielle et l’histoire des mentalités, avec des recherches (dans de nombreux fonds d’archives) sur l’occupation russe en France.
La linguistique moderne, qu’enseignait Jean Breuillard, avec des articles fondateurs et éclairants sur l’ordre des mots et la visée communicative, où l’on verra combien est important le « poste d’observation » de l’action.
Jean Breuillard avait également su proposer des lectures très fines de Pouchkine et de Gogol, en suivant certains motifs récurrents : la reprise dans Eugène Onéguine, ou le regard chez Gogol.
Toutes ces études novatrices participent d’une approche « systémique » : « L’histoire de la littérature est un système, dans lequel on ne saurait isoler la pensée philosophique et économique, l’histoire de la civilisation, et la pensée rhétorique et linguistique. » C’est dire que le « spécialiste » comme l’honnête homme y trouvera matière à élargir ses connaissances et plaisir intellectuel.
Une bibliographie thématique de 20 pages termine ce recueil.