Les avant-gardes polonaises et la poésie européenne

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Étude sur l’imagination poétique

par Maria DELAPERRIÈRE, préface Jan Błoński

ISBN  978-2-7204-0253-1, 1991, 320 p., 8 pl. h.-t.

Les avant-gardes polonaises du XXe siècle ne sont apparues que tardivement : c'est vers 1917-1919 seulement que les ismes poétiques et picturaux se sont donné rendez-vous aux bords de la Vistule, tous à la fois et en se bousculant mutuellement. Mais peut-être ne faut-il pas s'en plaindre, car ils ont inauguré une extraordinaire floraison poétique qui a continué jusqu'à nos jours… ou presque. C'est pourquoi les poètes dont parle Maria Delaperrière sont toujours présents dans la mémoire des lecteurs : le goût slave pour la poésie aidant, Tuwim, Wierzynski, Jasienski, Wazyk, Przybos, et bien d'autres encore sont constamment republiés à des dizaines de milliers d'exemplaires. De même, ils ont réussi - chose plus rare encore ! - à susciter des contradicteurs de génie. Je pense, bien sûr, à Milosz, à Herbert, à tous ceux qui les ont entourés et suivis et qui, subrepticement ou masque levé, ont lutté contre l'esprit d'avant-garde ou de telle avant-garde… en ne manquant pas, bien sûr, d'en utliser les mutliples et flamboyantes trouvailles.
Contrairement aux chercheurs polonais, Maria Delaperrière accorde peu de crédit aux programmes dont elle voit mieux l'aspect souvent emprunté et parfois répétitif. En fait, il n'y en avait qu'un de vraiment original, celui de la Zwrotnica de Cracovie, donc d'un constructivisme radical qui traitait le langage en curieux accord avec la linguistique moderne et qui réussit - pendant plus de quarante ans - à susciter admiration ou fureur… Ce côté de l'activité avant-gardiste ayant été abondamment traité, Maria Delaperrière a préféré insister sur quelque chose d'aussi subtil mais peut-être plus difficile à saisir, je veux dire l'éclosion d'un nouvel imaginaire poétique. Et là, elle est arrivé à une conclusion que je crois fort juste, mais qui, au premier abord, va probablement étonner plus d'un chercheur polonais.

La voici : malgré (ou peut-être à cause de) la multiplicité et de la simultanéité des influences "cosmopolites", l'imagination poétique, en Pologne, a réussi à les intégrer dans sa propre tradition, évitant ainsi cet éclatement individualiste qui rend aujourd'hui, à mon avis du moins, difficilement lisibles tant d'oeuvres réputées jadis pour la spontanéité (et parfois aussi, la préciosité…) de leur invention verbale. Maria Delaperrière montre judicieusement comment les procédés communs à l'avant-garde européenne (mots en liberté, jeux du hasard, primauté de la métonymie, etc.) de même que ses grands thèmes (la ville, le mouvement désacralisant l'espace, l'irruption du primitif…) - se sont curieusement et subtilement "polonisés" et, sans perdre leur pouvoir subversif, sont finalement entrés en dialogue avec l'imaginaire collectif.

Tel est l'enseignement qu'un lecteur polonais tire d'abord de cet ouvrage riche en connaissances profondes aussi bien en poésie qu'en peinture. En effet, l'auteur se sent non seulement à l'aise dans les deux domaines polonais et français, mais fait aussi appel aux poètes russes, allemands ou italiens.

Quant au lecteur français, je n'ose préjuger  de ses réflexions et de ses conclusions. Je suis cependant profondément heureux de constater qu'avec ce livre il dispose - enfin - d'une introduction aussi précise que pénétrante à une des plus belles époques de la poésie dans mon pays.

Préface par Jan Blonski, professeur à l'Université de Cracovie

 

 

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