Revue des études slaves, tome 73, fascicule 4
publié sous la direction Catherine Depretto
2001, 296 p.
Les dix années écoulées depuis la fin de l’U.R.S.S. ont-elles modifié notre perception de la littérature russe de la période soviétique ? Peut-on en parler aujourd’hui « en historien », en intégrant à son étude les avancées historiographiques récentes, tout en proposant de nouveaux angles d’approche ?
Depuis 1986, il s’est produit en Russie une sorte de rattrapage culturel, un processus de réappropriation par la communauté intellectuelle des pans proscrits de son héritage, d’où un intérêt tout particulier pour la période de l’Âge d’argent, la culture de l’émigration et une désaffection relative pour tout ce qui avait trait au « passé soviétique ». Si l’on essaie de dresser un bilan de la production philologique de ces quinze dernières années, on s’aperçoit que, face à une masse impressionnante de publications, les efforts de conceptualisation et de synthèse restent plus modestes. Rien n’est vraiment venu bouleverser les représentations habituelles de l’histoire de la littérature russe du XXe siècle, malgré de très nombreuses révélations et quelques tentatives de reconsidération. On n’a pas vu émerger, non plus, de nouveau courant critique de l’ampleur du formalisme ou de l’école sémiotique de Moscou-Tartu. Bien plus, on noterait un certain désarroi méthodologique, une baisse des exigences académiques et éditoriales, sans parler d’une hémorragie inquiétante de talents.</li>
<li>Cependant, des entreprises de longue haleine ont bien été engagées, les publications majeures sont malgré tout nombreuses, de nouveaux périodiques spécialisés ont fondamentalement renouvelé le visage de la critique littéraire, permettant l’expression de courants divers.