Jean Bonamour, éd.
2005, 160 p., ISBN 978-2-7204-0413-9
Un siècle nous sépare aujourd’hui de Tchékhov que l’on associe volontiers au théâtre. C’est pourtant du prosateur que se réclament davantage ses contemporains et successeurs. Les textes rassemblés ici mettent en évidence l’héritage que l’écrivain, disparu à l’acmé de sa puissance créatrice, a laissé tant à ses contemporains qui auront à traverser l’épreuve révolutionnaire qu’à ses héritiers plus lointains.
Ces articles montrent à quel point Tchékhov s’inscrit dans le tissu littéraire de son temps, en partageant avec ses pairs en littérature des choix formels, stylistiques, ou thématiques : novelliste comme Zochtchenko ou Bounine, auquel il était lié par une mutuelle estime. Une compassion dépourvue de sentimentalisme trouve un écho chez Boulgakov, médecin comme lui. Son voyage à Sakhaline représente son apport au thème pénitentiaire qui traverse la littérature russe de Dostoïevski à Soljénitsine et Chalamov. Comme Zamiatine et Kharitonov, il peint les mœurs provinciales et petite-bourgeoises. Maïakovski l’annexe au mouvement futuriste pour sa maîtrise de la langue.
Tchékhov lui-même, refusant d’escompter une gloire posthume, semblait espérer secrètement avoir frayé quelques voies pour des successeurs. Gageons que le lecteur pourra mesurer l’accomplissement de cette ambition.