Les Frères de Sérapion et les voies de la littérature russe du XXe siècle

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Revue des études slaves, tome 71, fascicules 3-4

édité par Efim Etkind et Catherine Depretto

1999, 288 p.

Les slavisants ont toujours bien aimé la confrérie des Sérapions. Fondé en 1921, ce groupe de jeunes écrivains au nom étrange fascinait par son non-conformisme, son réel talent et apparaissait avec le recul comme un des derniers flamboiements de la littérature russe du XXe siècle. Sur la composition du groupe, les informations divergent ; rien d’étonnant pour des écrivains qui se réunissaient de façon informelle dans un des foyers littéraires les plus animés du Petrograd postrévolutionnaire, la Maison des Arts. On retient cependant aujourd’hui de préférence la liste canonique de dix Sérapions, neuf frères et une soeur : les prosateurs K Fedine, Vs Ivanov, V Kaverine, L Lounts, N Nikitine, M. Slonimski, M Zochtchenko, les poètes E Polonskaïa et N Tikhonov, le critique I Grouzdev. Certains rappellent la présence, lors des premières réunions, du tout jeune Vl. S. Pozner, qui gardera ensuite, depuis Paris, des liens épistolaires et éditoriaux avec le groupe ainsi que celle de N. Tchoukovski, sans oublier les "demoiselles". Dans l’entourage immédiat de ces auteurs débutants, on trouve surtout les "maîtres" de l’art d’écrire que sont Zamiatine et Chklovski et la présence bienveillante de Gorki.

La plate-forme du groupe est l’affirmation de l’indépendance de la littérature par rapport à la vie sociale et la proclamation de l’art comme unique valeur, d’où la référence à des modèles littéraires (Hoffmann) et la revendication de l’amitié comme élément fédérateur (la "confrérie"). Les Sérapions venaient, en effet, d’horizons différents, tant sociaux que politiques ; leurs histoires personnelles n’avaient rien de comparable ; leurs goûts et leurs convictions étaient bien dissemblables ; pourtant, un même souci d’exigence et d’innovation artistiques les unissait et ils entendaient démontrer que, sur une base d’amitié personnelle, il était possible de créer ensemble. Par rapport à la politisation généralisée qui gagne la vie littéraire au lendemain de la Révolution, cette position avait de quoi déranger. Elle sera le grief principal retenu contre le groupe, régulièrement accusé d’apolitisme et constituera le point central des attaques de Jdanov, lors de la condamnation de Zochtchenko en 1946.

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