publié sous la direction de Maria Delaperrière
ISBN 978-2-7204-0520-4, 2013, 254 pages
La France a joué un rôle décisif dans l’épanouissement intellectuel et artistique de Czesław Miłosz. Dans les années trente, Paris sera pour lui un lieu d’initiation poétique et vingt ans plus tard, c’est à Paris également qu’il annonce sa décision de rompre avec le régime communiste : il y restera dix ans, jusqu’en 1961, et y vivra une profonde métamorphose idéologique qui s’exprimera dans des œuvres majeures : La Pensée captive, La Prise du pouvoir, Une autre Europe.
Or, en dépit de la durée et de l’intensité de sa présence en France, en dépit de son imprégnation de culture française et de sa participation à la vie intellectuelle française dans les années cinquante, en dépit enfin du prix Nobel de littérature en 1980, venu couronner une œuvre à la fois ample et profonde, Czesław Miłosz n’a touché qu’une partie assez restreinte des lecteurs français.
Le présent ouvrage, consacré au rapport entre Miłosz et la France, est le premier qui cherche à faire découvrir un Miłosz « français », à travers ses premières rencontres poétiques, notamment avec Oscar V. de Lubicz Miłosz, à travers les amitiés qu’il a nouées avec des écrivains ou des philosophes éminents comme Jacques Maritain, Albert Camus, Jeanne Hersch, Hanna Arendt, sans parler de son admiration pour la pensée de Simone Weil.
Ce volume rappelle aussi les drames existentiels qu’il a vécus, ses choix politiques, idéologiques ou spirituels inextricablement liés à la France, patrie de choix, qu’il a aimée d’un amour souvent sans réciprocité, mais sans jamais se départir d’un sentiment de profonde gratitude, comme ille rappelle dans son Abécédaire (1997) :
« Éprouvant de la rancune pour avoir été éconduit, de la gratitude pour ce que la culture française m’a apporté, de la gratitude aussi envers quelques personnes et de l’attachement pour quelques rues de Paris et certains paysages, j’ai des sentiments ambivalents à l’égard de ce pays. »