publié sous la direction d'Antoine Marès, Françoise Mayer et Jacques Rupnik
Collection historique de l’Institut d’études slaves, 58
ISBN 978-2-7204-0660-7, 204 p., notices biobibliographiques, index des noms
Il y a plus d’un demi-siècle, le « Printemps tchécoslovaque », dit souvent « Printemps de Prague », et l’invasion soviétique du 21 août 1968 ont bouleversé les opinions publiques. Dans les semaines qui ont suivi, une abondante couverture médiatique et éditoriale a abordé le sujet. Face à cette émotion internationale, les chancelleries ont réagi froidement et l’évolution des politiques étrangères des grandes puissances n’en a pas été sensiblement modifiée. En revanche, la fin de l’expérience du « socialisme à visage humain » a eu un impact considérable sur la perspective désormais improbable d’une réforme des régimes communistes : toutes les gauches en ont été profondément affectées.
Cet ouvrage s’est nourri d’une double source : partant du Printemps tchécoslovaque de 1968, il ne se limite pas à mettre l’accent sur ses particularités mais de le situer d’emblée dans une problématique de remise en question de l’ordre politique interne et externe (la division de l’Europe) pour explorer la circulation des idées et des logiques de contestation en Europe médiane (Varsovie, Prague, Budapest, Bucarest, Belgrade…) ; il aborde aussi les interactions et les quiproquos qui ont pu se faire jour avec les mouvements qui se développèrent alors en Europe occidentale (Paris, Rome, monde occidental...).
Ce recueil, réunissant historiens et politologues français et centre-européens, se veut une invitation à la réflexion sur un tournant de l’histoire européenne qui reste important pour comprendre certains malentendus sur les questions mémorielles ou politiques dans l'Europe d'aujourd'hui.
Table des matières
Introduction, par Antoine Marès & Jacques Rupnik
Le 1968 tchécoslovaque
Jacques Rupnik, Utopie et « normalité » : retour sur les héritages de 1968
Miroslav Novák, Le communisme réformiste, l’exemple du Printemps de Prague
Miroslav Londák & Elena Londáková, L’année 1968 et la Slovaquie : à la recherche d’un nouveau modèle de socialisme et d’un repositionnement de la Slovaquie dans l’État commun tchéco-slovaque
Françoise Mayer, Siwiec, Palach : retour sur deux immolations politiques et leur portée
Petr Pithart, 1968, cinquante ans plus tard...
Pavel Kolář, Penser le Printemps de Prague : désillusion, mélancolie et déclin de la gauche
Échos et spécificités — à l’Est
Jerzy Eisler, L’année 1968 à l’Est et à l’Ouest : similitudes et différences
Paul Gradvohl, 1968 : une année hongroise contradictoire
Irina Gridan, 1968 en Roumanie : la tentation patriotique à l’épreuve des pressions soviétiques
Sacha Markovic, 1968 en Yougoslavie : entre nationalismes et désillusions révolutionnaires
— en Occident
Patryk Pleskot, La problématique des réactions de l'OTAN à l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968
Marc Lazar, La gauche ouest-européenne et l’année 1968 en Tchécoslovaquie : les cas français et italien
Pierre Grémion, Paris-Prague, les malentendus de 1968
Conclusions, par Françoise Mayer et Antoine Marès